8 mai 2025

!MODIF! Clot de bouc à partir du Fanget

Compte-rendu

Au col du Fanget, verdoyance générale des prairies ondulées. Nous autres bas-Alpins, plutôt habitués à des terres pauvres et caillouteuses grignotées par des fèdes rustiques, sommes toujours émerveillés de voir tant de prairies grasses, tant d’herbe à vaches à notre porte, dans le pays de Seyne. C’est un bout de Haute-Savoie ou de Suisse qui est venu s’installer dans nos terres arides par on ne sait quel miracle géologique. Autre rapprochement, historique celui-là, avec la Haute-Savoie, cette terre auzetanne fut aussi une terre de Justes et de Résistance : les deux dames du Fanget, ajistes, cachèrent et protégèrent en 43/44, dans un chalet dont il ne reste aujourd’hui que la cheminée, une douzaine d’enfants juifs des furies exterminationistes nazies, et le plateau d’Iroire (1690 m) fut un lieu de parachutage pour armer la Résistance locale en 44.
Aujourd’hui, c’est jour de paix et de joie, en tout cas sur notre territoire. Notre victoire sera de vaincre les pentes abruptes du Clot de Bouc. Mais auparavant, on se baguenaude dans les ondulations fleuries qui entourent les deux bergeries de Négron. Une ferme, aujourd’hui silencieuse, entourée de cerisiers en fleurs, est un petit bijou ordinaire d’habitat d’estive : elle est dressée sur une petite éminence comme une gardienne des lieux, c’est la vestale de Négron.
Ce beau plateau à vache est encore vierge de toute occupation. L’herbe se dépêche d’y pousser, les ruisseaux de l’irriguer, les fleurs de s’y épanouir: le temps leur est compté. Les pensées sauvages hésitent entre le bleu et le mauve, le bleu intense des petites gentianes printanières éclaire les pentes du Mourre Bouchard (1788 m) de leur lumière de fleures neuves, les renoncules blanches sont troublées par les rougeurs des orchis sureau. Première petite victoire. Pause.
Pourquoi, quand la montagne refleurit, la joie nous envahit ? Joie de la renaissance de la nature, joie esthétique de goûter à ces beautés toutes fraîches, joie de participer à ce renouveau, à cette force vitale et de renaître avec la nature, qui sans s’épuiser comme nous refait ses forces et ses flores, joie des recommencements chaque année.
Petite descente vers le Col de la Bournée (1725) avant de s’attaquer à la pente du Clot de Bouc, chacun à son rythme, en liberté. Le versant a été travaillé : les machines ont broyé les arbustes à myrtille et autres ginestes pour que les pâturages s’étendent sans être envahis. Une montagne à vache, ici ça se cultive, ça se mérite.
Gravir une pente, c’est un peu remonter le temps, sur l’échelle des fleurs, passer du présent au passé, des pensées du printemps aux crocus de fin de neige, cheminer entre ce qui est et ce qui fut. Se coltiner la pente, tirer droit, haleter, zigzaguer, surprendre les chamois au détour du sentier, c’est se sentir vivant et en être heureux.

A l’arrivée au sommet (1962 m), l’effort de gravir se transforme en joie de contempler, même si la chaîne de La Blanche ne se départira pas de son édredon de nuages qui enveloppe les crêtes et cache les neiges fraîches. La petite principauté de Seyne, sertie de montagnes à vaches et à fleurs, se donne dans toute sa splendeur printanière. On la domine et la parcourt du regard dans toute son amplitude, de Tête Grosse à l’Estrop. Ce paysage est un milieu princier. Où les rois furent des mulets, où les princesses sont maintenant des vaches charolaises.
Le clot en provençal est un replat. Ce Clot de Bouc est plutôt restreint comme plan, mais réel, comme si le sommet avait été aplati par un grand coup de pelle.
Après le pique-nique au sommet, à l’abri du vent mais face au chef-d’œuvre du grand large, notre petite compagnie descend vers Lauzerot, autre hameau d’estive des Auzetans. Les petites gentianes de Koch ont trempé leur calice dans le bleu de la nuit. Les fonds sont fangeux (normal, on est au Fanget, pays de la fange !), mais la piste nous remet au sec. Les superbes photos animalières de Roger Isoard qui bordent la piste de retour nous montrent la faune qu’on aurait pu voir ; pic épeiche, tétra-lyre, gélinotte des bois. Le secteur est riche de faune sauvage. Il nous faudra revenir avec la LPO !

A l’auberge du Fanget, l’accueil des nouveaux gérants est très sympa. Ils organisent de nombreuses animations autour de la nature qui méritent le détour. Ils sont ouverts toute l’année du mercredi au dimanche. L’aubergiste nous suggère d’organiser un « combo ». Un combo, qu’es acco ? C’est une combinaison d’activités. Par exemple, on pourrait se faire une rando matinale en boucle, sur la magnifique crête robineuse vers le col de La Grangeasse, suivie d’un repas à l’auberge ; une rando restau quoi ! Pourquoi pas ?

Belle journée de joie profonde où la nature en beauté nous a offert ses grandes polyphonies. On trouvera la pluie pendant notre retour, en voiture heureusement.

Merci à Henri et Brigitte.

Jean-Claude

Les photos de Jean-Claude
Les photos de Philippe
Une sélection de photos pour l'album de l'ADRI

RANDO
Durée 6h00
Dénivelé 675m
Distance 15 km
Cotation IBP difficulté : 90
Covoiturage : 7€
Départ gare SNCF : 7h45

Animateurs :

Henri GUILLOT
04 92 31 08 87

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